Lusianassa

Publié le par Llunet

Voici le dernier poème de Triplex Nomine, Naissance des oiseaux, XXIV, comme un fragment hésiodique imaginaire, et Le daïmon de Lusianassa, ma dernière peinture...

Telle aussi celle née de la Terre (abonde et vaste sa poitrine)
Lusianassa — son nom pareil au nom que porte
de Nérée une fille. Elle est telle : égareuse indomptée de l'ombre
sur terre et mer Lusianassa saisit les ombres
portées au sol ou sur la vague humide et bleue
les sépare des corps les blesse de blancheur et les boit des yeux
noirs sont-ils elle abaisse longtemps ses paupières lavées de pluies
et d'être bues les ombres sont belles légères pleines et noires
le goût du sang n'est pas le leur mais goût de nuit
froide venteuse et grains de volante poussière
(et à peine à ses cils s'accrochent-ils semblances d'étoiles mirées
au miroir du zodiaque d'Iris mais d'Iris aux couleurs mêlées
jusqu'au noir) amant me dit-elle des Muses tes vers sont les leurs
mais ton ombre appartient à mes yeux qui déjà te boivent un peu
                           cyllénienne ta lyre louera …
autour de ma tendre poitrine …
<lacune de six vers>
visage d'une femme et d'une autre …
issues d'ombre filée de nuit …
marchant dans une allée de cerfs aux bois de neige
Lusianassa contre ses seins les mains en coupe
et sous la paume et sur le sein le chant éclôt

la naissance
des oiseaux




Publié dans Printemps 2006

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